2 - Conciliabule

Le messager vient d'annoncer que Kuni Osaku & sa suite sont attendus au près de la délégation du clan du Scorpion.
Yoritomo & Nakamuro sont en train de discuter à voix basse à quelques mètres du groupe des magistrats et semblent s'apprêter eux aussi à quitter la pièce chargée d'une trop lourde atmosphère. Les délégations sont quasiment toute parties, exceptées celles du clan du Lion et du clan du Crabe semblent s'échanger quelques mots. Puis, Hida Yakamo, apparement un peu irrité, quitte la pièce, suivi de sa soeur et de Kuni Yori. Ce dernier s'arrête au niveau d'Osaku et lui glisse un mot à l'oreille avant de définitivement quitter les lieux. Enfin, Akodo Toturi & sa suite partent à leur tour, ne manquant pas de saluer respectueusement les magistrats au passage.

Une fois que les Lions ont passé la porte, Kumagaya se tourne vers le magistrat et s'adresse à lui.
" Les temps sont encore plus sombre que ce que nous avions prévus. Shiryo No Ikoma m'avait dit que nous serions pris dans un tournant crucial pour l'Empire, mais qui aurait pu deviner que cela se passerait ainsi.
Shoju-sama vous a confié un rôle important, même si d'ordinaire, il échoue au daimyo de la famille Miya. Il vous a en quelque sorte nommé Shikken alors qu'il y avait un autre émissaire de la paix désigné par l'Empereur dans la pièce.  Et pourquoi faire la lecture de votre courrier à ce moment là? Quel est ce message qu'il essaie de faire passer? "

Kumagaya marque une courte pause et ne laisse pas le magistrat répondre, même si l'attitude pensive de ce dernier n'indiquait pas qu'il était sur le point de répondre.
"Avez vous des consignes à nous donner Magistrat-sama? "

Yukimori fait un pas en avant en sortant de ses prières :
"Sans comprendre tous les enjeux ou les objectifs j'ouvre les yeux et constate : Shoju san crée une situation de déséquilibre en désignant un juge impartial, puis en faisant en sorte de le placer en situation de juge et partie...
C'est évidement très intelligent de sa part.
Il oblige une dynamique, empêche le statu quo, crée un focus secondaire qui peut détourner une partie de l'attention, et met potentiellement tout ceci au service de ses intérêts.
Une dynamique peut être positive ou négative, tout dépend du chemin qui est pris et du but à atteindre... il faut agir pour infléchir la dynamique, mais agir en sachant où nous voulons aller. Celui qui veut rester immobile quand le bateau tangue fini par tomber"

Au propos de Yukimori, une ombre de sourire glisse sur le visage fermé de Kuni Osaku. D'un imperceptible hochement de tête, le Grand Magistrat montre son approbation.
 
Kuni Osaku : " Je n'ai qu'une seule recommandation à vous faire pour le moment : gardez des nerfs d'acier. "
 
Kumagaya: " Peut-être devrions nous convoquer tous vos yorikis Osaku-sama? Tadaka-san, Sakura-san & Raiden-san sont plus habitués que nous à participer aux intrigues de courtisans... Et avez vous eu des nouvelles du sage Tu-san? "
 
Le Grand Crabe fait un geste de la main qui semble vouloir dire : plus tard ou pas maintenant. 
Tous comprennent que le magistrat redoute trop les oreilles indiscrètes pour parler de ce sujet tout de suite. 
 
 

Comme le magistrat semble plongé dans ses pensée Yukimori sourit et prend la liberté de répondre " Avez vous déjà été au théatre kumagaya san ? Et bien vous y êtes... la pièce est commencée et tous les acteurs en place. Il est impossible d'en appeler d'autres à rentrer, car comme l'à dit le nouveau régisseur de ce grand théâtre ; nous jouons un huit clos"

Kumagaya fronce un peu le sourcil et répond au prêtre.
" Ici se joue un drame, je l'entend bien. Mais j'espère que tout n'est pas écrit d'avance et que nous pourrons nous permettre de l'improvisation. Nous aussi nous pourrions faire un coup de théatre...

Yukimori grimace "décidément le langage des images n'est pas audible par les bushis... Ce que je voulais dire Kumagaya san, c'est qu'il ne faut pas attendre ou même souhaiter d'aide extérieure.
Nous sommes à un moment historique. Il n'y a plus d'empereur, un nouveau cycle naît sous nos yeux.
Si tout ceci arrive ici et maintenant, c'est que c'est le bon lieu et le bon moment.
Si tout ceci arrive avec les personnes qui sont ici présentes c'est que ce sont les bonnes personnes.
Les réponses sont détenues par ceux qui sont là, pas tadaka, pas sakoura, pas raiden...
Les réponses sont aussi en vous kumagaya san, vous êtes l'un des principaux artisan de la paix.
La question est quel empire voulez vous demain ? Quelle sera votre capacité à agir pour cela et à agir avec les autres personnes présentes et notamment vos compagnons et alliés ?
J'ai confiance en vous Kumagaya, mais vous aussi, ayez confiance en vous.
C'est maintenant, il n'y aura pas d'autre moment comme celui ci"

Yukimori manque de pouffer de rire mais se retient :

"La joie m'habite à l'idée que nous partagions autant de choses.

La seule différence est que vous considérez que le moment n'est pas le bon et que certains manquent à l'appel.. c'est peut être vrai, mais cette considération est inutile. L'instant présent n'a que faire de vos considérations... L'instant est l'instant, vous ne pouvez pas en attendre autre chose.

Rien n'empêche de souhaiter un avenir, c'est même essentiel pour donner une direction à nos actes.
Mais si vous n'intégrez pas que l'instant est le fruit unique du passé, et qu'il est bon maintenant, tel qu'il est.. alors vous pouvez passer à côté de beaucoup de choses...

Ce n'est pas une critique Kumagaya mais je constate que portez souvent le regard vers l'extérieur, souhaitant le soutien de ceux qui ne sont pas toujours là pour nous aider ; alliés, amis, fortunes, ancêtres. C'est très louable de votre part d'avoir cette vision si pleine et globale. Mais je crois que cela a tendance à vous placer en position d'attente et de ne pas croire aux réponses qui sont en vous.. et qui ont été construites avec le soutien de vos alliés, amis, fortunes, ancêtres...

Si vous me permettez ce n'est pas un avis, mais un conseil que je vais vous donner... même si les samouraïs n'aiment pas les conseils des ronins, ils prennent ça pour des critiques.. oui, oui, même vous Kumagaya... voici donc ce précieux conseil qui vient de mon vénérable maître : Le sage ne s'afflige jamais du présent, mais emploie le présent pour en prévenir l'avenir. Négligez et vous perdrez. Cherchez et vous trouverez. Mais chercher ne conduit à trouver que si nous cherchons ce qui est en nous.

Voilà, j'ai trop parlé et j'ai la gorge sèche...ce n'est pas signe de grande sagesse"

Yukimori s'incline, sourit et va chercher un rafraichissement

Ikoma Kumagaya reste un instant interdit.
Dans son esprit, une phrase de son passé proche résonne :
" Ecoute moi, Kumagaya. Dans les épreuves qui arrivent, nous ne pourrons pas te conseiller sur les choix à faire, nous ne le devons pas. Il t'appartient à toi et aux vivants de déterminer le nouveau cycle de la roue kharmique. "
 
 
(MJ :  extrait de l'étape 4 du voyage de Kumagaya dans le clan du Lion... pour ceux qui n'ont pas tout lu !   )

Ayant suivi avec attention cet échange, Kuni Osaku sort de son immobilité et fait signe à son groupe de se diriger vers la sortie, laissant derrière eux la salle du Trône, vide.

Dehors, l'une attendant sur le pas de la grande porte, l'autre un peu plus loin, patientent 2 personnes.
Yogo Akira se tient négligemment appuyé contre un pilier de bois massif qui soutient l'immense Arche au dessus de la porte.
Dans l'allée, à quelques mètres de là, le daïmyo de la famille Myia attend lui aussi les magistrats.

D'un pas mesuré, Kuni Osaku dépasse Yogo Akira sans donner l'impression de même l'avoir vu et se dirige droit vers le diplomate et daïmyo Myia Yoto. S'inclinant avec raideur, Kuni Osaku échange quelques mots avec ce dernier à propos des négociations de pax à venir. Myia Yoto propose son assistance que Kuni Osaku s'empresse d'accepter. Rendez-vous est pris pour discuter de tout cela.

Puis le groupe se dirige non vers le pavillon du Scorpion mais vers celui des Forces d'Emeraude. Kuni Osaku veut faire un rapide briefing avec ses troupes. Il fait congédier tous les domestiques, tout le personnel de la batisse rapidement, vérifiant lui même que personne ne traîne encore à l'intérieur puis réunit ses magistrats & yorikis.

( a suivre mais vous pouvez intervenir si vous voulez)

Le Grand Magistrat s'installe dans la salle de Justice du Pavillon du Champion d'Emeraude, réunissant autour de lui ses anciens yorikis, il leur déclare:

" Samouraï-san, l'heure est grave. Ce qui se joue ici déterminera l'avenir de notre Empire pour les jours, les semaines qui viennent mais aussi sans doute pour des siècles. Voilà mes instructions :
- préserver la vie des protagonistes qui sont avec nous dans la cité interdite. Souvenez vous de la mort du Champion d'Emeraude, méfiez vous donc de tous et des apparences. Le seigneur des illusions et des mensonges est à la baguette.
- Oeuvrez à la préservation de notre Empire contre ses ennemis intérieurs et extérieurs. Contribuez  rebatir un empire plus fort et plus juste. Des millions de vie en dépendent."

Osaku s'interrompt un instant pour fixer son regard sur le Lion à Trois Pattes et sur Shiryu. Puis il reprend :

" Je vous interdis de rester passif ou observateur. Nous ne sommes pas là pour témoigner, nous sommes là pour influer sur le destin dans l'intérêt supérieur de l'Empire, c'est à dire de tous ses habitants, du plus noble samouraï au plus modeste éta.
Me suis-je bien fait comprendre ? "

Tous répondent d'une voix :

" Oui, magistrat-san."

Osaku hoche la tête satisfait mais conserve son air grave.

" Bien. Le Scorpion a bien préparé sa mise en scène. Une de nos priorités est de déterminer ce qu'il est advenu de Sotorii. Je n'imagine pas un instant que Shoju ait négligé l'héritier. Chaque soir nous nous réunirons ici, avec ceci (le magistrat montre le morceau d'Origami qu'il cache dans sa manche). Considérez désormais que le Scorpion peut entendre tout ce qui se dit dans la cité interdite et tenez-en compte. "

Osaku fait alors signe que la réunion est terminée et se prépare à partir.

Shingen se rapproche du grand magistrat Kuni Osaku.
"Magistrat-san ?"
Le jeune homme attend l'autorisation de parler. La réponse qu'il reçoit est plus digne du grognement que du verbage mais l'archer obtient le droit de s'exprimer. Il se met alors à fouiller dans une petite besace qu'il avait récupéré après être sorti de la salle du trône.
Il en extirpe un livre de bois : à l'intérieur, un minuscule aïgushi,  un morceau de mousse pour éviter l'humidité et quelques plumes délicatement placées. Shingen en attrape une de 7-8 cm de long ; elle est grisâtre à la base et bleu nuit à l'extrémité. Au deux tiers, de chaque côté du rachis central, un oeil vert émeraude tranche avec la teinte sombre qui l'entoure.
"Il s'agit d'une rémige d'un autour des palombes, qui règne en maître dans les bois du clan Kitsune. Normalement, l'oeil est blanc-gris mais je l'ai moi-même teinté avec un extrait de menthe. Je doute qu'on puisse en trouver une semblable dans la région."
Shingen incise alors le rachis (le petit cartillage central) sur toute sa longueur, tranche la plume au niveau des barbes, jette le duvet dans sa boîte en bois. Il plie ensuite la plume le long de l'incision qu'il a faite pour qu'elle se casse en deux très proprement, puis vient couper chaque moitié pour que l'oeil émeraude soit scindé en deux parties égales. Les doigts experts du jeune archer s'activent rapidement pour réaliser cette opération minutieuse en quelques secondes seulement.
Il tend enfin un quart de la plume au grand Kuni.
Baissant la tête, Shingen reprend.
"Vous ne m'aviez pas donné de morceau d'origami." Montrant sa main droite paume ouverte, avec les trois morceaux restant, il poursuit : "Les deux autres sont pour Nakamuro et Yukimori-sama."
Shingen s'incline profondément en signe de respect.

Osaku, qui a observé le petit manège de Shingen sans broncher, se saisit d'un morceau de plume et le regarde attentivement avant de le ranger dans sa manche avec son origami.
Le visage du magistrat reste grave, sévère.

" Vous apprenez jeune Shingen. Mais vous devez encore prouver. "

Sur ces derniers mots, Osaku tourne également son attention vers Yukimori et Nakamuro. Aucune once d'estime ou de sympathie ne s'esquisse dans le regard froid, évaluateur que le Grand Magistrat leur adresse. Yukimori ressent même le soupçon d'une menace silencieuse.

HJ: Ah, je n'avais pas conscience d'être présent. D'ailleurs, "magistrats & yorikis" m'excluait précisément...

Nakamuro a écrit:

HJ: Ah, je n'avais pas conscience d'être présent. D'ailleurs, "magistrats & yorikis" m'excluait précisément...

Allons, allons, ne sous-estimons pas les capacités d'incruste de Nakamuro...
Et puis, ce dernier a été admis à la cité interdite grâce aux garanties fournies par les magistrats et en tant que conseiller/assitant auprès d'eux (ce que peut recouvrir le terme de Yoriki = assistant).

Sinon, l'accès à la cité interdite lui aurait été simplement mais fermement refusé.

yukimori inquiet devant le regard acéré d'Osaku, dit avec peu d'assurance :" qui a t-il magistrat san ?"

Le magistrat qui s'apprêtait à partir s'arrête et se retourne vers le shugenja ronin. Dans ses yeux, le froid acéré des plus hautes montagnes transperce Yukimori qui frissonne lorsque la sentence tombe :

" Une ombre plane sur vous Yukimori. De nouveau. La pureté est une lutte sans trêve, ronin. Ne fléchissez pas de nouveau car je ne serai pas clément une seconde fois. "

Nakamuro reste impassible (mais heureux de n'avoir reçu que le vent du boulet...)

Il fait une courbette à Osaku.

"Kuni Osaku-sama, vos consignes rejoignent celles de mon daimyo, Yoritomo-sama. Je les aurai donc à coeur. Cependant, les kamis sont troublés sur place. J'estime probable que les shugenjas de la famille Seppun sont responsables de cet état. On peut supposer que ce trouble perturbe autant les fauteurs de trouble que nous, ce qui est une bonne chose. Encore faudrait-il s'en assurer. Je suis à votre service pour ce faire, Kuni Osaku-sama."

Alors que Nakamuro achève sa tirade, il perçoit dans les yeux du magistrat combien ces longues phrases lui semblent une perte de temps. Voire la marque d'un esprit inférieur...

Le magistrat ne cache en effet pas son impatience teintée de mépris. Son grognement rauque et difficilement compréhensible en témoigne :

" Grrrgnnngnnn, Hmmmfff, 'bécile... "

Devant les mines déconfites et/ou stupéfaites des uns et des autres, il se retourne et se dirige d'un pas vif vers la sortie.

Kumagaya emboite le pas au magistrat.
Il le suit jusqu'à savoir si le magistrat répond à la convocation de Shoju en se rendant au pavillon du clan du Scorpion.
Dans le cas contraire, le bushi se dirige alors vers le pavillon du clan de la Grue.

Yukimori semble troublé par les paroles du magistrat... il réfléchit un instant puis frisonne en murmurant "Eku..."

il cherche un moment le regard du Dragon puis s'approche du puissant bushi et s'incline : " Shiryu san, dès que vous aurez une petite minute à m'accorder j'aimerai beaucoup vous parler"

Sans se soucier de ce qui se passe désormais dans le pavillon des forces d'émeraude, le grand magistrat KUNI Osaku réajuste sommairement son kimono. En sortant, instinctivement, il cherche son fidèle No dachi mais ne le trouve pas. A la cité interdite seule la garde impériale et les plus grand daïmyo sont autorisés à conserver leurs armes.
Se ravissant, Osaku se dirige droit vers le pavillon des Scorpions, suivi par son lieutenant du clan du Lion...

yukimori a écrit:

" Shiryu san, dès que vous aurez une petite minute à m'accorder j'aimerai beaucoup vous parler"

Shiryu est resté comme à son habitude silencieux, mais il est de toute évidence inquiet. Depuis les instructions formulées par Kuni Osaku, il n'a quitté des yeux la délégation du Clan du Phénix. Aux paroles de Yukimori, il fait signe au ronin de le suivre de le suivre un peu à l'écart pour l'écouter...

Spoiler: