J+3, l'après-midi: Le Lion reçoit

Shingen profite du calme de sa spacieuse chambre pour se relaxer un peu. Les événements des heures précédentes ont contrarié le jeune samurai. Il s’est installé sur le bord de sa fenêtre afin pouvoir profiter du paysage pendant qu’il entretient son arc et vérifie l’état de ses flèches.

Puis il entend des pas s’approcher de sa chambre. Il bondit sur ses deux pieds et attend aux aguets. Les pas se stabilisent devant sa porte.

« Seigneur Shingen, j’ai un message pour vous. »

Shingen ouvre la porte, observe le messager du pied à la tête et le remercie puis ferme la porte sans ménagement. Il observe ensuite la lettre pliée en carré. Il peut observer un Kanji très soigné sur le dessus. Le Kanji signifie invitation.
Il déplie la feuille et peut lire le message :

« Premier commandement d’Akodo : L’esprit doit être aussi affûté que le corps. »

En guise de signature, Shingen peut remarquer un kanji qui semble représenter un Lion. Mais erreur ou pas, il manque un trait pour que le kanji soit parfait.

Shingen parcourt lentement la missive. "Hé bien, il ne lui aura pas fallut longtemps pour prendre ses marques au gros matou. Premier commandement d'Akodo ?"
Shingen s'incline à l'équerre. "Courber l'échine !"

Se redressant, Shingen jette un coup d'oeil au bas du message. Esquissant un sourire en coin, il dit à voix haute : "Faut-il être malsain pour écorcher sa signature !"
Le jeune homme chiffonne la feuille entre ses mains et la lance négligemment par-dessus son épaule. Et avant que la boule de papier ne retombe au sol, il la frappe d'un coup de pied acrobatique sans même se retourner.
"Affûte tes griffes, Lion-à-trois-pattes ! La Guêpe arrive."
Shingen se rend directement aux appartements de Kumagaya.


Un toquement discret se faire entendre sur la paroi de bois du salon de Kumagaya. "Entrez !" Le ton est pausé, volontairement détendu.
Le panneau coulisse. Dans le couloir, Shingen, à genou, entre dans la pièce sans se relever. Après avoir refermer derrière lui, il s'incline au sol. Le jeune archer ne porte aucune arme. Sa tenue est décontractée : un simple kimono gris correctement ajusté mais de façon confortable.
"Vous m'avez fait mander, Ikoma-san ?"

Kumagaya désigne du doigt la place en face de lui de l'autre côté de la table où est posé le coffret.

" Assis toi Shingen-san si tu le veux bien et installe le goban. "

Shingen s'exécute prestement sans toutefois chercher à masquer le réel manque d'enthouisasme qui l'habite.
Une fois fini, il s'installe confortablement assi sur ses talons, les mains l'une sur l'autre posées sur les genous. Il regarde impassiblement Kumagaya.

Kumagaya sourit au jeune homme en face de lui. D'un ton un tantinet amusé, il continue:

" Tu n'es pas obligé d'aimer, mais tu dois savoir le cacher... Nous ne sommes pas obligé de jouer si tu ne le désires pas, mais je voulais discuter avec toi et je me suis dit que l'on pouvait le faire autour d'une partie. Comme tu aimes prendre des initiatives, je te laisse commencer. Pose 4 pierres noires si tu veux recevoir ta première leçon de stratégie avec le Lion à trois pattes. D'ailleurs, as tu déjà joué au jeu de Go? "

Shingen tire un pauvre sourire plat, sans joie. Ses yeux oscillent entre le Lion et le plateau entre les deux samouraïs.
D'un geste brusque, Shingen ramasse tous les pions du jeu. Il relève les yeux vers Kumagaya puis ferme les yeux, inspire et revient fixer son regard sur le goban.
Enfin, avec une précision redoutable et une rapidité qui n'a d'égale que la fougue du jeune homme, l'archer dispose les jetons d'une façon complexe. Les doigts déliés s'agitent presque frénétiquement alors qu'ils mettent en place le jeu. Une fois finie, Kumagaya n'a aucun mal à reconnaître la carte devant lui : il s'agit du plan d'une bataille bien connue qui opposa les forces du Lion aux armures gris-cendré de la Grue.
Les troupes sous commandement Akodo avaient, malgré leur surnombre, souffert d'un cuisant assaut sapant leur moral et leur force. D'une voix de stentor, le commandant Lion avait hurlé un regroupement au centre du champ de bataille (ou plutôt du champ de massacre vue leur défaite imminante). Après un temps d'attente, la surprise avait laissé place à la confiance dans le clan de la Grue. Les bushis, dans une grande clameur, avaient sonné la charge sur les forces du Lion.

Assurément, Shingen n'en était pas à sa première partie, ni à son premier cour d'art de la guerre.
"J'aimerais bien comprendre ce qui lui a pris, Ikoma-san."

Avec trois doigts, Kumagaya déplaca d'un coup trois pièces du centre du plateau, comme une langue s'étirant du pack compact de jetons noir du clan du Lion. Les jetons blancs occupaient le tour du plateau en rangs serrés, implacables.

Ce jour-là, bien des siècles plus tôt, dans la plaine rougie par le sang des soldats à terre, le général des armées ayant jeté les armes était habillé en gris-cendré.

Après avoir déplacé les trois pions noirs, Kumagaya regarde quelques secondes le jeune bushi afin de le jauger.

" Il a continué de suivre les préceptes d'Akodo le Borgne. La mesure de l'Eau mais surtout le mesure de la Terre...
Une armée, à l'instar du monde, est composé de 5 éléments. Akodo les a appelé dans son célébre traité de stratégie les 5 mesures.

Ici la mesure de l'eau a été en premier appliquée: nos actions doivent couler comme un ruisseau, passives et informes, puis frapper soudainement comme une vague, puissante et ravageuse. La rigidité entraîne la stagnation et, sur le champ de bataille, la stagnation signifie la mort. Il faut garder nos armées aussi fluides que possible, prêtes à s’adapter ; comprendre le chaos est la clé de la victoire. Il a regroupé ses armées dispersée et en sous-nombre afin de les renforcer et a trouvé la clé grâce à la mesure de la terre: En connaissant le terrain sur lequel le combat se déroule, on prend l’avantage. Une armée en terrain étranger, inconsciente du danger et ne pouvant tirer parti de ces atouts est vulnérable et facile à attaquer.
La percée crée par la petite troupe d'infanterie lionne a permis au reste de la troupe habituée à se déplacer rapidement de rejoindre le col sans trop de pertes.Il a réussit ainsi à réduire le front d'attaque et surtout, à avoir le soleil dans le dos. C'était l'été et le soleil d'Amaterasu rayonnait fortement dans le col, aveuglant les poursuivants. L'ordre fut ensuite donné à un guntai (escouade) d'archers de se positionner sur le flan de la montagne par un chemin repéré quelques jours auparavant par des éclaireurs. La surprise, mais surtout l'arrogance des samurais de clan de la Grue qui pensaient la victoire acquise fut fatale....
Voici la version que mon maître m'a appris."

Le stratège laisse le temps au jeune homme d'assimiler les enseignements distillés. Puis lorsque Shingen est sur le point de parler, le Lion prend la parole et ne lui en laisse pas le temps.

" Tout cela implique bien sûr de la maîtrise de soi et des connaissances... "

Kumagaya a appuyé un peu ces mots comme pour une réprimande.

" Je ne remets pas en cause ton courage et ton instinct. Ils sont très développés chez toi. Mais la sagesse te permettra d'aller encore plus loin dans tes possibilités. L'instinct te fait agir selon ce qui te paraît naturel et approprié sans que la réflexion n'intervienne. Alors fait en sorte de connaître toutes les possibilités afin que naturellement tu adoptes la plus adéquate. N'oublie pas jamais le premier commandement d'Akodo... "

En réponse aux derniers mots de Kumagaya, Shingen a une petite moue rieuse, puis incline respectueusement la tête.
Alors qu'il la relève légèrement, le jeune homme plonge à nouveau son regard dans le plateau de jeu.
"Ce serait donc l'arrogance qui aurait fait basculer la bataille..." Ses paroles restent en suspend alors que son esprit vagabonde vers le petit matin (https://shiromegumi.1fr1.net/t264-j3-au-petit-jour)
"Donc si j'ai bien compris vos explications, Ikoma-san, jamais le commandant en chef de ces armées du Lion n'aurait opté pour ce choix stratégique s'il avait affronté le clan de la Licorne. C'est ça ? Leur cavalerie les aurait balayé tel des heïmins fauchant la paille."
Le stratège aux couleurs feu acquiesse silencieusement. L'archer, quant à lui, reste concentré sur le champ de bataille.
Attrapant d'un coup un groupe de pion de chaque côté du goban, Shingen redispose les forces de la Grue en un étau écrasant la base de la langue de pions noirs.
"Alors, plutôt que d'attaquer de toutes parts, ils auraient dû couper la retraite ici et scinder les forces du Lion en deux ?"

Le garçon a tout faux ! Visiblement, les bases de la stratégie militaire sont acquises ; mais les subtilités du combat de masse lui font cruellement défaut. La leçon promet d'être longue.

Kumagaya écarte les 3 pions noirs un peu plus vers le bas du goban.

" Certes, la grue pourra isoler la cavalerie lionne. Mais la bataille a déjà infligé de nombreuses pertes. Les rangs s'amenuisent. En concentrant ses forces pour diviser l'armée du Lion, le général Grue créera une faiblesse dans ses troupes: le coeur. "

Le stratège désigne le haut du plateau où les pions blancs se sont fait rares.

" A sa place, je demanderais à mes hommes de pousser vers le haut en restant formation compacte afin de se positionner au plus prêt de l'état majeur adverse. Si le commandant adverse est touché, la bataille sera alors gagnée. Les quêteurs de morts de notre clan vivent et meurent pour ce genre d'opportunité héroique...Mais ce sera un bain de sang, il ne restera que très peu d'hommes à la fin. "

Shingen regarde en face le maître stratège d'un oeil sincère.
"Mais seule la victoire compte ?"

"Alors face à une telle leçon, la jeune génération fait bonne figure. Il semblerait que vous puissiez être fier du seigneur Yoritomo et moi-même aujourd'hui, Ikoma-san."
Shingen affiche maintenant un petit sourire espiègle.

" Vous avez tout deux su vous retenir, mais il s'en ai fallu de peu pour que ça dégénère. Heureusement que nous étions réunis entre alliés. En d'autres lieux et surtout en d'autres circonstances, les conséquences auraient pu être plus désastreuses. Nous, bushis devons nous se méfier des discussions à la cour d'un seigneur. La maîtrise de soi et le respect des règles est au moins aussi important que lors d'une bataille ou d'une escarmouche. Un habile courtisan peut facilement nous faire perdre la face si nous n'arrivons pas à nous contrôler. Apprend les règles et respecte les si tu tiens à la vie. Et lorsque tu sentiras les émotions venir, laisse les mots glisser sur toi et ils ne t'atteindrons pas. Ne libére que ton feu intérieur que lorsque tu es sûr de porter un coup fatal... "

Kumagaya a dit cela avec fermeté mais surtout en gardant un calme limite troublant.

"Si nous n'avions pas été entre allié, je n'aurais sûrement pas fait à Yoritomo un cadeau de cette importance. Il est vrai que j'ai négligé de me renseigner sur les origines de l'arme. Je pensais, à tort assurément, que le simple fait de recevoir l'arme ancestrale de son clan l'émerveillerait. Je me suis trompé, j'en tire maintenant un enseignement utile. En plus du votre, Ikoma-san.
Pourtant, je ne partage pas tout à fait votre point de vue. Je suis conscient que moins de fougue et un frein sur ma spontanité ne pourrait m'apporter que plus de sagesse, surtout en présence de mes ainés ou de hauts dignitaires. Mais, pardonnez moi, sans vouloir vous offenser le moins du monde, tout le monde ne peut faire preuve d'autant de flegme que vous, Ikoma-san. Votre apparente froideur n'a d'égale que votre réputation. Et peut-être que l'une ne pourrait aller sans l'autre d'ailleurs. Mais certaines personnes ne peuvent rester des heures en contemplation méditative sans esquisser le moindre mouvement. Moi, j'arrêterais de bouger que je serais trop vieux pour ça.
Puisse les kamis bénir ma vie pour que j'atteigne un jour cet âge vénérable."
Shingen marque une courte pause et reprend d'un ton plus badin avant que Kumagaya ne prenne à son tour la parole.
"D'ailleurs, avez-vous remarqué qu'on utilise toujours le terme vénérable pour parler des anciens. C'est un mot plein de respect. Oui ! On a du respect pour cet âge, le plus profond des respect même pour cette période de notre vie où l'on ne peut plus manger que de la soupe. Mais... il n'en reste pas moins... qu'on n'est pas pressé d'y arriver. Si tant est qu'on y arrive."
Shingen revêt à nouveau un masque sérieux sur son visage.
"Quoiqu'il en soit, Ikoma-san, je vous remercie pour les conseils avisés que vous me dispensez. Soyez assuré qu'il ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Et puisqu'à l'avenir, je devrais collaborer avec Mirumoto Shiryu-sama et ses yorikis, sous votre commandement, je veillerais à les appliquer avec autant d'assiduité que possible."
Shingen affiche à nouveau un petit sourire narquois.
"Et j'ai le pressentiment que nous n'en sommes qu'au début d'une looonnngue série de leçons."

Kumagaya sourit à son "élève", satisfait de sa réponse.

" Merci de m'avoir écouté et de vouloir retenir "mes leçons". Si je prends le temps de discuter avec toi, c'est parce que nous allons travailler ensemble encore un moment je l'espère et surtout, que je sens un grand potentiel en toi. Tu es comme un diamant brut. Mais il faut encore bien tailler ce diamant pour que toute les façettes soient parfaites. Mais ça, c'est le travail de toute une vie. Si je peux contribuer à ce travail, j'en tirerais une grande satisfaction. D'ailleurs, ça me fait penser à une autre léçon d'Akodo qui est dans son traité. "

Kumagaya semble faire un effort de mémoire, même si au final, les mots qui vont suivre vont sortir naturellement et de manière très fluide de sa bouche.

"On distingue deux types d’imbéciles : l’ignorant et le stupide.
L’ignorant met sa main dans le feu car il ignore qu’il va se brûler. Après s’être brûlé, il ne recommencera pas.
Le stupide, lui, continuera à mettre sa main dans le feu, car il n’aura pas appris.
Quand vous dirigez des hommes, ayez cette leçon à l’esprit. Apprenez-leur ce qu’ils doivent savoir. Un élève ne peut être blâmé pour son ignorance. Il ne fait qu’appliquer ce que son professeur lui enseigne."

Kumagaya soupire légèrement.

" Je ne t'accablerais pas d'avantage pour aujourd'hui. Si tu souhaites revenir me voir pour apprendre l'art de la guerre ou tout autre connaissance dont tu penses avoir besoin, n'hésite pas. Je tenterais de t'apprendre dans la limite de mes possibilités... "

"L'humilité est donc la troisième leçon d'Akodo pour aujourd'hui ! Vous êtes trop modeste Ikoma-san. Tout le monde connait la sagesse légendaire du glorieux Lion-à-trois-pattes. Les montagnes et la forêts elles-mêmes ploient devant un tel puit de savoir."
Mimant ses propos, Shingen s'incline jsuqu'au sol devant Kumagaya.
Se redressant, il ajoute.
"Pour ce qui est de votre proposition, je crois que je reviendrais vous voir prochainement. Je n'ai aucun plaisir à voguer de longues heures en mer. Il me faudra une distraction.
Ikoma-san"
Shingen s'incline à nouveau pour prendre congé.

Kumagaya salue le jeune samurai à son tour.

" Ma famille est férue d'histoire. J'en suis le digne membre. J'aimerais que lors de notre prochaine discussion, nous parlions de ton histoire si tu le veux bien. Tu m'as dit que la famille du côté de ta mère appartenait au clan du Renard, mais tu ne m'as pas parlé de ton père. Et si c'est un proche de Tsuruchi, je pourrais même penser qu'il ait appartenu au clan du Lion ou du Scorpion. Mais à en croire tes références de bataille, je pencherais d'avantage pour mon clan... "

Shingen se renfrogne un peu.
"Mon père s'appelle Matsuda et il est effectivement, vous avez vu juste Ikoma-san, un proche du daïmyo Tsuruchi. Il a participé aux opérations de reconquête des terres de notre Clan et pour cela, le seigneur Tsuruchi l'a accueilli auprès des siens.
Voilà, Ikoma-san. Vous savez ce qu'il est utile de savoir. Le passé de ronin de mon père fait certes partie de l'Histoire, mais uniquement celle de Ma famille. Vous comprendrez donc sans mal qu'il n'est indispensable d'ajouter ses faits anciens à la mémoire séculaire des érudits Ikoma.
Cela n'a absolument rien de personnel avec vous."

" Je comprend bien Shingen-san. Je connais l'histoire du clan de la guêpe et je me demandais si tu avais une connexion avec le clan du Lion. Mon père, Ikoma Baiko, est le maître généalogiste de notre clan. Je l'ai parfois aidé dans ses recherches. Tu comprendras que plus que n'importe quelle samurai, voir n'importe quel Lion, les ancêtres sont particulièrement importants pour moi..."

Kumagaya fait un signe de la main comme pour signifier que ce sujet est clos. Puis il regarde un instant l'artisan qui travaille dans un coin de la pièce. Il se fixe ensuite à nouveau sur l'archer.

" Nos clans ne seront peut-être jamais alliés. Mais nous deux, nous servons avant tout la même cause et j'espère que des liens pourrons se tisser. "

D'un ton confiant et assuré, Shingen répond en hochant la tête.
"L'avenir nous le dira"

Le Lion hoche la tête également puis se penche vers les lettres et le nécessaire d'écriture qui sont restés à côté de la table. Il attrape l'un des tas qu'il a préparé pui se redresse et s'adresse à la Guêpe.

" Avant de partir, puis-je te demander un service? Pourrais tu apporter ces correspondances d'Isanobu non traduites à Asako Mifune s'il te plait? Je les ai recopiée avant ton arrivée et je vais pouvoir travailler dessus pour l'aider. Dis lui que je m'occuppe des 2 premières de la pile. "

Kumagaya tend les lettres à Shingen et fait un signe de la tête en direction du polisseur qui travaille à la restauration de Chukandomo.

" Je ne peux m'absenter pour le moment, donc si tu peux le faire à ma place... Sa pièce est située à deux portes d'ici entre ta pièce et la mienne."

Shingen s'approche de l'artisan et observe silencieusement son travail pendant un moment.
Puis, après avoir esquisser une moue approbatrice, il se retourne vers Kumagaya et agite la pile de feuille qu'il a à la main.
"Les deux premières, c'est cela ?"
Le Lion hoche la tête lentement.
"Dans ce cas, il vaudrait mieux que je ne les fasse pas tomber par terre."
Le jeune archer éclate de rire et se dirige vers la porte. Pose la main sur la cloison et, avant d'ouvrir, tourne à nouveau la tête vers le stratège.
Très sérieusement, il dit : "Ikoma-san ? Que pensez-vous du fait que Nakamuro ait mis le feu à la bibliothèque de son oncle ? Détruisant donc de précieux documents, aussi ésothériques que personnels."

Kumagaya hésite un instant, semblant peser le pour et le contre.

" L'intérêt est que cela a créé une diversion pour votre fuite et aussi que son oncle ne s'est pas forcément apercu que des correspondances avaient disparu. Par contre, l'historien que je suis n'aurait jamais détruit des livres et des parchemins sans que cela soit strictement nécessaire. "

Shingen acquiesse de la tête.
"Isanobu faisait partie de la secte des veilleurs, c'est cela ? Et il a aussi été le mentor de Nakamuro dans les arts occultes, vous êtes d'accord ? Alors je n'arrive toujours à me décider entre deux... hypothèses."
Shingen laisse flotter un léger suspense. Jette un coup d'oeil vers l'artisan puis dit :
"Nakamuro a-t-il vraiment voulu détruire le savoir maudit de son maître ou cherchait-il à faire disparaître... disons, certaines choses ?"