J+3/4 : entre deux

Je poste là une entrevue entre Nakamuro et Shingen.
Je l'ai intitulé "entre deux" car je n'ai aucune idée de l'heure à laquelle les deux samouraïs pourront avoir cette conversation mais elle se fera entre le retour de Shingen au palais (après son passage chez les moines de la confrérie d'Osano-Wo) et l'appareillage du lendemain.
Je resterais donc évasif dans mes descriptions afin qu'on puisse interpréter la scène sans se soucier du moment de la journée, ou de la nuit, durant laquelle elle se déroule.

C'est au détour d'un couloir de l'immense dédale qu'est le palais du seigneur Nakimo que le jeune Shingen arrive enfin à apercevoir le conseiller occulte de Yoritomo, le pimpant Nakamuro. Voyant l'archer se diriger vers lui, le shugenja ressent une légère contrariété. Les festivités ont considérablement alourdi son emploi du temps et il n'a que peu de temps à accorder au garçon. Mais c'est avec un visage stoïque et l'air aimable qu'il attend le chasseur de prime.
Shingen s'incline en signe de respect et s'adresse à Nakamuro d'une voix rauque. La fatigue étend ses longs doigts ténébreux sur les traits habituellement si fins du jeune samouraï du clan de la Guêpe.
"Nakamuro-san, excusez-moi de vous déranger. Je suppose que vous êtes très occupé. Beaucoup à faire et peu de temps pour ; c'est la rançon des hommes de pouvoir. Toutefois, puisque le daïmyo Yoritomo m'a donné l'autorisation de voir avec vous les modalités d'expression de la gratitude de votre clan à mon égard..."
Nakamuro pose la main sur la cloison de bois exotique richement ouvragé qui orne l'ensemble des corridors de cette partie du palais. Une légère pression du bras et un claquement se fait entendre. Nakamuro fait alors glisser un pan de mur pour révéler un petite pièce d'à peine 15m², décoré avec une sobriété étonnante en cette région de l'Empire. Face à la porte, la pièce donne, sur toute sa longueur, sur un minuscule jardin méticuleusement entretenu. Le luxe et le raffinement du clan de la Mante : équiper une pièce secrête d'un jardin zen. La pièce est baignée d'une étrange clarté et il y règne un calme apaisant, malgrè l'effervescence de la citadelle.
Ebahi devant une telle invocation magique ou bien subjugué de s'être arrêté juste devant une porte dérobée, Shingen reste immobile alors que Nakamuro l'invite à entrer d'un signe de tête et de la voix. Tandis que l'atmosphère intemporelle de la salle de méditation (ou de bien d'autres choses encore) se répend dans le couloir, le shugenja rappelle l'archer à la réalité. "On se dépèche, Shingen-san !" Alors, telle une flèche qu'il aurait lui-même tirée, Shingen bondit au centre de la pièce où il attend son interlocuteur.

Nakamuro s'agenouille sur le tatami, après avoir délicatement posé sa sacoche à sa droite.

"Bien, je suppose que vous avez décidé ce que vous souhaitez comme récompense pour votre haut fait. J'espère que notre clan sera en mesure de vous satisfaire."

Shingen vient s'assoir face au shugenja. Il se gratte pensivement une barbiche imaginaire (trop jeune pour avoir du poil au menton mais faut bien faire comme les grands). Levant l'index, il répond :
"Je ne suis pas certains qu'il soit judicieux de parler de haut fait quand on sait que j'ai bien failli être raccourci d'une bonne tête pour cela. Quoiqu'il en soit, je tiens à vous remercier de votre intervention en ma faveur, Nakamuro-san."
Shingen s'incline au sol deux fois.
Une fois redressé, il enchaîne.
"J'ai en effet une assez bonne idée de ce que je souhaiterais. Et je crois que c'est tout à fait dans le domaine du possible ; enfin... j'espère.
Ma requête se composera d'un aspect matériel et... d'une faveur.
J'ai passé commande dans l'après-midi chez un commerçant de la cité, situé dans la rue de la pureté. Enfin, je ne sais trop comment vous l'appelez ; je parle de cette large voie remontant vers le palais où de nombreux temples sont implantés. Rassurez-vous, il ne s'agit que de quelques babioles ; le trésor du clan ne sera pas mis à mal."
Shingen s'arrête pour observer la réaction de l'hatamoto et lui laisser l'opportunité de répondre.

"Je ne suis pas sûr de voir où vous voulez en venir, mais poursuivez, poursuivez."

Nakamuro a l'air plus pressé que dérangé par le début de requête.

"Heu... et bien... que vous régliez la note.
Ensuite, en ce qui concerne la faveur que je souhaiterais vous demander... J'aurais voulu savoir s'il était possible que mon nom apparaisse dans l'histoire officiel de votre clan en la personne de celui qui remit à Yoritomo le ono disparu de Kaïmetsu-Wo."
Shingen pose ses mains bien à plat sur ses genoux et regarde la réaction de Nakamuro, le dos bien droit.

Nakamuro réfléchit rapidement.

"Eh bien, quelques courses ne devraient pas gréver les caisses du clan. Je transmettrai votre demande, mais je ne vois pas de raison qu'elle ne soit pas acceptée. Concernant l'histoire officielle... ça me paraît être la moindre des choses. Shingen-sama, du clan de la Guêpe, sera honoré par nos descendants.
Je suis content d'avoir proposé de vous laisser émettre une requête. Il est certain que je n'aurais pas imaginé une telle récompense. Le désir secret des hommes est souvent hors de la compréhension de leurs semblables.
Au nom du clan de la Mante, soyez à nouveau remercié, Shingen-sama.

Nakamuro laisse passer un silence pour que Shingen puisse répondre, mais semble attendre le signal du départ.

Shingen semble réfléchir un instant. Peut-être a-t-il quelque chose d'autres à ajouter.
Finalement, il dit :
"Je vous l'ai déjà dit tout à l'heure : j'ai fait cela par sympathie envers la cause de votre Daïmyo. Elle me semblait juste. Et parfois, reprendre ce qui vous revient de droit réclame de l'aide, alors..." Shingen hausse les épaules et écarte les mains.

"Je ne vais pas abuser plus longtemps du plaisir de votre compagnie, Nakamuro-san."

Les samouraïs se saluent et s'en retournent à leurs occupations.

"Votre bonne volonté vous honore. En sus de vos achats, je tiens à vous rappeler que vous pouvez vous fournir à loisir dans les magasins de notre clan. J'ai comme dans l'idée que la moindre flèche pourra faire la différence lors de vos prochains voyages...
Si Shingen ne rebondit pas, il lui souhaite une bonne journée.

Shingen invite Nakamuro à le suivre vers la sortie puisqu'ils en ont visiblement terminé.
"Effectivment, ça ne sera pas de trop. Dans ce cas, puisque vous me le permettez, je verrais auprès du responsable de votre magasin militaire à me faire fournir certaines pièces. L'attaque de la citadelle volante a plutôt mis à mal l'équipement que je portais."

Shingen et Nakamuro font quelques pas ensemble puis se séparent au détour d'un couloir.

[je pense qu'on peut cloturer là ?]