Entretien avec Lichin.

Lichin : "Je respecte votre point de vue et vos convictions, Lion. Mais je ne les partage pas. Le Gozoku ne menace pas l'Empire. Il menace le pouvoir absolu de l'Empereur. Les menaces extérieures profitent certes de la vacance d'un pouvoir fort permettant de maintenir les clans unis et mobilisés contre lui. Je ne suis pas sur qu'éliminer le Gozoku, pour autant que cela soit possible, résoudrait à ce jour ce problème, neh ? Toujours est-il que mes informations sont à vendre et que je ne vous les offrirai pas."

" Kuni Osaku-sama et nous même luttons activement sur deux fronts: éliminer la menace du retour de Fu Leng, mais aussi maintenir et renforcer le pouvoir en place. Certes, actuellement, l'Empire est mal en point, mais l'émergence du Gozoku provoquera une discension entre les clans comme autrefois et cela sera profitable à toutes les autres menaces. L'exemple le plus flagrant est l'assassinat du Champion d'Emeraude et la mise en scène qui a eu lieu autours. Cela va profiter certes au Gozoku pour la mise en place du Shinsen-gumi comme la première fois, mais aussi à Anegoshi car il n'aura plus d'opposant direct. De là à penser que c'est Anegoshi qui tire toutes les ficelles... C'est pour cela que je le redemande: donnez moi les noms Lichin. "

Kumagaya, même s'il reste calme comme d'accoutumée, commence à montrer une pointe dagacement ou de nervosité.

Lichin hoche les épaules en secouant la tête avec une expression navrée.

Lichin : "Ce n'est pas possible. Je ne peux pas vous livrer ces noms sans compensation. Vous pouvez comprendre, sans doute puisque vous êtes un samouraï et que votre vie n'est que devoir. Votre famille et vos proches sont protégés et seront pris en charge par votre seigneur si vous mourrez avec honneur. Mais mes agents aussi risquent leur vie et meurent pour accomplir les missions que je leur confie. Qui doit s'occuper de leur veuve et de leurs enfants dans ce cas à votre avis ? Qui prend en charge les blessés lorsqu'ils sont invalides ? Vous voulez le fruit du labeur et du sang de mes hommes ? Vous devez en payer le prix !! Je sais que vous autres samouraïs n'êtes pas habituer à cela mais c'est ainsi que cela se passe quand on veut traiter avec moi. Et il n'y a pas d'exception !!"

A la fin de sa tirade, la voix de Lichin est glaciale et ses yeux sont deux lames ardentes qui transpercent Kumagaya. L'homme qui paraissait vieux il y a quelques instants, semble soudain doté de l'autorité d'un daïmyo. Son ton frise l'insulte, d'autant que Lichin n'est à priori pas un samouraï.

Kumagaya se lève et pointe Lichin du doigt. Il répond d'une voix tout aussi imposante et autoritaire.

" Qui êtes vous pour ne pas servir l'Empereur et les samourais sans compensation? N'oubliez pas votre place! Qui va s'occuper de vos protégés si vous n'êtes plus là! "

Le Lion à trois pattes semble avoir rugit en disant cela...

Lichin soutient un instant le regard du Lion et des éclairs semblent passer entre eux. Puis le vieil homme s'incline profondemment.

Lichin : " Veuillez excuser mes propos Kumagaya-san, je ne voulais pas vous offenser. Je comprend que nous ne pouvons pas nous comprendre. Je vous le redis humblement, je ne peux pas vous livrer ce que vous demandez. Aussi, vais-je me retirer avec votre permission."

Lichin se prépare à se lever pour sortir.

Kumagaya arrête de pointer son doigt vers le vieux Lichin et jette un coup d'oeil rapide vers Mégumi.

" Nous n'avons pas fini de discuter. Vous avez la chance d'être un vieil ami de Mégumi. Mais n'abusez pas de ma patience. "

Le Lion marque un temps d'arrêt et semble se détendre un peu.

" Vous êtes sorti de la citadelle de Gusaï grace à nous. Estimez quelles informations sur le Gozoku valent cette liberté. "

Lichin reste donc à genou. Son visage est maintenant complètement stoïque, sa voix tout à fait calme.

Lichin : " En vérité samouraï-san, nous sommes sortis ensemble de la citadelle de Gusaï. J'aurai pu en sortir à ma guise n'importe quand. Il s'avère que je connais quelques astuces, comme celle dont je me servis dans les catacombes, qui me permettent de voyager où bon me semble. De plus, Akira Yogo a déjà monnayé avec moi, le fait que vous m'ayez aidé à sortir des geôles. C'est en répondant à ses 3 questions que j'évoquais le Gozoku. Je ne payerai pas deux fois, qui plus est pour un service dont je n'avais pas besoin. "


MJ : je pars demain matin au ski donc je risque de ne pas pouvoir me connecter souvent, voire pas du tout. N'hésitez pas à poursuivre entre vous. Je pense que certains personnages ont des questions à poser sur ce qu'est le Gozoku au juste, le Shinsen-gumi, etc...

Nakamuro se frotte le nez et renifle un peu, avant de dévisager les membres de l'assistance.
"Mmm... il semblerait que le thé n'ait pas eu l'effet escompté. Je verrai à me faire rembourser.
Mes amis, il semblerait que certains aient oublié que si nous sommes ici, c'est avec un but commun. Et l'importance de ce but ne saurait renier nos allégeances.

Lichin, j'apprécierais que vous cessiez les généralités à propos des samouraïs, nous ne sommes pas tous insouciants des réalités financières de l'Empire.
Et avant de desserrer les cordons de ma bourse, je préférerais comprendre les tenants et les aboutissants de votre échange..."

Shiryu hoche la tête en entendant les paroles de la Mante :

" C'est vrai. Nous ne sommes pas tous férus d'Histoire, en tous cas moi je ne le suis pas. Kumagaya-san, si vous pouviez développer quelque peu cette histoire de Gozoku et de Shinsen-gumi, cela pourrait nous éclairer et nous permettre de comprendre la violence de vos propos précédents..."

Bien que ne prenant toujours pas la parole, l'attitude de Shingen trahit son soulagement quand d'autres samouraïs avouent ne rien comprendre non plus au thème de la discussion.

Kumagaya toujours debout, se tourne vers Shiryu et certains peuvent percevoir un léger étonnement de la part du Lion. Il acquiesce de la tête et prend le temps de se rassoir. Le rouge a quitté ses joues habituellement trop pales. La sérénité est revenue chez le bushi habituellement très calme. Peut-être que le thé fait enfin son effet.

" Pardonnez moi si je me suis emporté de la sorte samouraï, mais vous comprendrez que les informations que possède ce marchand de paroles peuvent être capitales pour comprendre ce qui se passe à la cité impériale, notamment ce qui s'est passé juste avant que nous partions de celle ci. Je pense que Lichin n’a que trop abusé de notre patience et de notre générosité. "

Le Lion à trois pattes jette un regard rapide vers le vieux Lichin.

" Il oublie par exemple que je lui ai laissé la vie sauve lors de notre évasion. Certains ne voulaient pas d’un potentiel traitre qui ne pense qu’à l’argent. "

Le Bushi Ikoma marque une courte pause et semble feindre une intense réflexion.

" Mais soit, je vais répondre à ta question Shiryu-san. Je vois que tu n’es pas le seul à ignorer ce qu’était la période du Gozoku. Cela a commencé vers la fin du IVe siècle, quelques dizaines d’année après la fondation du clan du Serpent si je ne me trompe. C’est parti de l’alliance tripartite, fondée par les clans de la Grue, du Scorpion et du Phénix et son objectif était la lutte contre la crise provoquée par la sécheresse qui sévissait à cette époque.
Mais l’alliance considéra que l’Empereur ne devait être qu’un guide pour l’Empire et que les clans devaient détenir le vrai pouvoir. Ils voulaient s’assurer l’indépendance des provinces des clans en créant un système de cités-états plutôt qu’un empire unique. Le fils de l’empereur Fujiwa fut pris en otage, et l’Empereur dut céder à leurs exigences.
À la demande du Gozoku, Fujiwa ordonna qu’un certain nombre de samurai fussent rejetés de leurs clans pour le motif manifestement fallacieux de “violation majeure du dogme du bushido”. Tous ceux qui s’étaient opposés à l’ascension du Gozoku se firent sepukku ou furent jetés sur les routes de rokugan. Parmi les premiers qui furent chassés, la légende dit qu’on comptait une jeune et fougueuse samurai-ko du nom de Matsu Mochihime qui fut la première héroïne ronin, célèbre pour n’avoir pas baissé les bras après sa disgrâce et avoir continué à lutter contre le Gozoku.
A la même époque, le Champion d’Emeraude fut tué par un célèbre bandit nommé Hiro. Il ne fut remplacé aussitôt et le Gozoku en profita pour mettre en place le Shinsen-gumi, une faction d’experts en sabre qui faisaient la loi pour le Gozoku."

Shingen réajuste sa position assise et s'adresse à Kumagaya :

"Samouraï-san. Merci pour vos éclaircissements. Je ne suis toujours pas sûr de bien comprendre tous les tenants et aboutissants de ce que vous venez de dire mais il est clair que... à vous entendre, l'heure est grave. Et pas seulement parce que des samouraïs issus de maisons prestigieuses ont pactisé avec des créatures de l'Outre-monde en vue de prendre le pouvoir au sein de leur clan. Les dédales de la politique me sont complètement inconnus mais il semblerait que nous soyons tous plus ou moins concernés par les récents évènements dans la capitale dont vous nous avez parlé tout à l'heure.
Toutefois, Ikoma-san, permettez-moi de vous exprimer mon désaccord sur un point. L'intégrité morale, l'honneur et le devoir sont des notions qui nous ont été inculqué par nos pairs dans le respect du Bushido. Et si vous, samouraï-san, ne pouvez imaginer agir et penser sans vous conformer un seul instant à ce code, c'est que vos privilèges de naissance vous permettent de vivre loin des soucis quotidiens de l'homme du peuple.
De plus, il semblerait que la vassalité du vénérable Lichin ne le lie pas à vous. Je crois donc que vous devriez prendre son attitude moins comme une insulte ou provocation personnelle à votre code d'éthique que comme une obligation vitale directement liée à son statu social, qui par ailleurs est inexistant. Enfin, me semble-t-il. Sans vous offenser, Lichin-san."

Shingen semble très décontracté en tenant ces propos. Il est évident qu'il fait confiance au seigneur Lion pour respecter les règles d'étiquette en tant qu'invités du samouraï de la Mante. Cependant, si les paroles du jeune archer se veulent un tantinet moralisateurs, sa voix éraillée d'adolescent n'est empreinte ni d'ironie ni de sarcasmes.

Après avoir laisser le temps aux convives de réagir à ses paroles et, voyant que ses derniers mots avaient jeté un froid dans l'assistance, Shingen tente de reprendre le fil de la conversation et s'adresse à la tablée dans son ensemble.

"Samouraïs-san, je prie pour votre indulgence si mes paroles sont un peu naïves mais tant que possible, j'aurais aimé y voir clair dans cette affaire. Si un nouveau Gozoku se met actuellement en place, sait-on qui le dirige et quels sont les clans qui le soutiennent ?"

A nouveau maître de ses émotions, Kumagaya répond très calmement:

" C'est une très bonne question et c'est celle que j'ai posée à Lichin. Il faut savoir en qui on peut avoir confiance dans un premier temps si nous voulons soutenir l'Empereur dans ce sombre avenir. Après il faut savoir quelles actions sont imputables au Gozoku ou à Anegoshi, et voir si ce n'est pas lié. "

Lichin observe les samouraï durant toute leur discussion mais son visage reste fermé et inexpressif. Même après le dernier échange, il garde le silence.

yukimori inspire profondement et fait un ample geste de la main, comme ferait un erudit ouvrant et précieux grimoire... il porfite de l'attention captée par ce doux mouvement pour marquer une pose puis prend la parole :

"Samouraïs, aussi hasardeuse soit ma science de la diplomatie et des jeux de cours, j'aimerai tout de même vous faire partager le fruit de mes maigres pensées...

Il me semble que : qui ne sait pas où il va, doit regarder d'où il vient.

Vous êtes des yorikis d'émeraude autrefois sous le commandement du puissant magistrat Kuni Osaku.
Kuni Osaku avait choisi de lutter contre l'outremonde et ses séides, non seulement parce c'est nécessaire, mais aussi parce que c'est le plus important.

Les courtisans peuvent se déchirer, la dynastie Hantei peut tomber... ça serait une catastrophe mais il y aurait toujours quelqu'un qui, avec la bénédiction des kamis, reprendra la tête de l'empire.
Le monde que nous connaissons se guérira toujours de ses batailles internes.

Par contre, si l'outremonde parvient à vaincre, alors il n'y aura plus d'empire, les hommes et la terre seront à jamais corrompus, et il n'y aura plus rien en ce monde que nous pourrons reconnaître, même pas nous même.

Kuni Osaku ne se moquait pas de la politique, mais il savait qu'il lui fallait concentrer toutes ses forces contre un seul ennemi pour espérer vaincre.

Vous êtes les héritiers de la bataille mennée par Kuni Osaku. Si vous cessez ce combat personne ne pourra le reprendre à votre place. Si vous cessez d'exister, vos connaissance s'éteindrons avec vous et il n'y aura probablement plus d'espoir...

Il y a des personnes à la cours impériale pour veiller à ce qu'un nouveau Gosoku ne se produise pas... elles semblent échouer... mais pourrez vous les remplacer ?
Par contre, il n'y personne pour faire ce que vous faites à savoir traquer Anegoshi et ses alliés, dont fait probablement partie le renegat Mante"

Kumagaya acquiesse et sourit à Yukimori.

" Osaku-sama a bien choisi ses nouvelles recrues. Vous êtes perspicace Yukimori-san. Vous avez bien compris la situation. Le combat de notre magistrat est bien sûr notre combat. Mais vous ne savez pas tout. "

Le Lion jette un coup d'oeil à Shiryu avant de reprendre.

" Mais l'émergence du Gozoku peut s'avérer être initiée par Anegoshi lui même pour affaiblir l'Empire et le désorganiser. Il opère depuis des années dans l'ombre et grace à ses pouvoirs, il peut être à plusieurs endroits à la fois. Il faut le combattre sur tout les fronts si nécessaire. Pour cela, nous devons connaître le maximum ses agissements avant qu'il ne soit trop tard. Le gozoku est peut-être une piste. Comme vous l'avez souligné, nous ne sommes pas des courtisans. Mais nous pouvons trouver des gens de confiance et les informer de ce qui se passe. Nous ne pouvons rien négliger. Osaku-sama doit avoir les informations. Il décidera ce qu'il convient de faire.
Pour notre part, nous continuerons notre mission. "

Shingen, après avoir demander discrêtement à son voisin qui est le dénommé Anegoshi, prend à nouveau la parole.

"Si vous le permettez, samouraïs-san, vénérables, j'aimerais revenir un peu sur les mots qui ont été prononcé ici tout à l'heure."

Il marque une légère pause, le temps de voir si personne ne s'y oppose puis continue.

"Vous avez dit, Maître Lichin, que vous auriez pu quitter votre emprisonnement quand bon vous semble. Alors pourquoi êtes vous resté ?
En fait, je pose cette question mais je crois savoir déjà la réponse. Vous cherchiez à obtenir des informations ; et cela même au prix de votre vie.
Si tel est le cas... peut-être seriez-vous intéressé par des informations que nous avons ou pourrions obtenir à notre tour. Et celles-ci pourraient être le prix pour briser votre voeu de silence ?
Que souhaiteriez-vous apprendre sur Gusai ou ses sbires que vous ne sachiez déjà ?
Ikoma-sama a parlé. Nous allons reprendre la route et nous lancer à la poursuite de la forteresse volante. Nul doute que nous la retrouverons et ses entrailles nous livreront leurs secrets."

MJ : on va peut être s'arrêter là pour finir cette discussion en live à la prochaine partie. Cela vous laisse le temps de réfléchir à vos positions et décisions vis à vis de Lichin mais aussi de Daïdoji Uji, et du seigneur Yoritomo.
Je vous invite à essayer de penser à tout ça avant le début de la prochaine séance afin qu'on puisse avancer et que la fin de ces conversations ne soient que l'introduction de la prochaine partie.
Enfin, cela laissera l'opportunité à notre grand absent - Bastoune - d'exister dans ces échanges...

Ca vous va ?

Poursuivez vos réflexions sur le forum si vous voulez, genre dans la taverne ou la bibliothèque.

Moi perso, j'aurais préféré finir les discussions que j'ai en cours (surtout celle avec daidoji) car j'avais une ou deux actions à faire (hors séance de préférence).
Après, ce n'est pas moi qui décide et je comprends...